mercredi 21 janvier 2015

De l'importance du dessin chez les enfants.

Dessiner ? Oui, à 3 ans, à 7 ans ou à 50 ans. Dessiner sa maison, sa maman, son chat, son doudou, sa maîtresse, se dessiner, ou construire un monde imaginaire, mais dessiner… Développer l'imagination, la motricité, la confiance en soi, créer des relations avec les autres, nombreux sont les avantages de cette belle pratique. On fait le point avec un article  de Pascale Bauge trouvé ici : Le monde et nous . 

Et après…on dessine et on les fait dessiner !





"On s’en doute, laisser nos enfants dessiner (les encourager même), c’est important. Oui mais jusqu’à quel point ? Naturellement l’enfant qui ne possède pas encore les mots nécessaires pour exprimer ses émotions, verbaliser les histoires qu’il a vécues (ou inventées) va spontanément se diriger vers le dessin. Il s’agit dans un premier temps d’un vague gribouillis qui semble n’avoir ni queue ni tête : il relève plus d’un jeu et du pouvoir que ressent l’enfant de réaliser quelque chose, de créer (le crayon* qui passe sur une feuille laisse une trace ! c’est merveilleux). Le gribouillis évolue rapidement  vers un dessin alors chargé de sens. Ça n’a l’air de rien, mais cette activité qui se déclenche  comme une envie irrépressible (avec plus ou moins d’intensité selon l’enfant) est puissante : elle apporte ÉNORMÉMENT pour le développement et l’épanouissement de l’être humain, notamment lorsqu’il se trouve dans une phase où il met en place le fondement de ses futurs apprentissages.

* Le crayon est un moyen comme un autre mais on peut aussi citer le dessin à la fourchette dans la purée, le doigt dans le sable mouillé, ou la neige, la terre…bref toute une palette d’outils et matériaux sont à portée de main.

Les nombreux rôles du dessin

Boosteur de communication et renfort des liens sociaux
Evidemment, la première fonction à laquelle on pense, c’est le dessin comme moyen d’expression de sentiments.  Alors que tout le vocabulaire nécessaire pour exprimer un ressenti par rapport à une situation, un objet, une personne n’est pas acquis… le dessin fait le lien aller-retour entre la réalité, le cœur et l’esprit de nos chères têtes blondes : il permet aux parents, de décoder les émotions (excitation, anxiété, tristesse). C’est donc un bon moyen de communiquer voire de dédramatiser des choses qui font peur. D’ailleurs le dessin fait partie de l’arsenal thérapeutique pour les enfants en difficulté de communication.
Mais dessiner c’est aussi accroître les liens sociaux. Comme cela est explicité dans [1], un dessin d’enfant attire l’œil, celui des autres enfants, des frères et sœurs, des adultes, même d’un inconnu : on en discute, on questionne, on aide, on partage des idées : bref les liens se tissent facilement autour du petit artiste en herbe.

Un moyen de développer l’imagination, la créativité
Il y a des enfants qui dessinent leur famille, leur maison, leur maître(sse) avec un profond ancrage dans la réalité de ce qu’ils vivent au quotidien, mais il y en a d’autres qui aiment dessiner des animaux vus dans des livres, lors d’une ballade au zoo ou dans des dessins animés. Ensuite ils enjolivent, habillent, développent, rajoutent des détails et on peut parfois glisser vers des créatures fantastiques, monstrueuses…et plus elles sont hideuses, ou effrayants, plus ils sont contents.
Mais souvent, il y a derrière tout cela, une histoire et pour peu qu’on s’y intéresse, qu’on pose des questions, une flopée de détails sont ajoutés (verbalement ou par le dessin) : car il n’y a pas de règle, bref, c’est la liberté. Et cela rend terriblement heureux, même lorsqu’on n’a que 4 ou 5 ans.




Un moyen de développer la psychomotricité
Les premiers essais sont gauches, peu sûrs puis les doigts s’appliquent, appuient, précisent un geste; les poignets se délient, les mains s’éduquent, se placent. Et surtout, la coordination main-œil est entraînée. Tout cela est une bonne étape préparatoire à l’apprentissage de l’écriture [1].

Un moyen de développer la confiance en soi
Parce que l’enfant qui aime dessiner (j’en connais qui ne sont pas enclins à prendre le crayon) aura, à force d’essais réitérés, réussi à créer un univers qui pour lui à du sens : c’est son oeuvre d’art. Il en sera terriblement heureux.
Pendant toute la démarche d’élaboration du dessin, il va apprendre « à apprendre », encouragé (enfin normalement !) par son cercle familial et affectif et l’école. Cela contribue à lui donner confiance en lui et lui faire prendre conscience que la pratique améliore la compétence : une notion importante pour la suite de sa scolarité (voir un précédent article ICI).
Mais le dessin, c’est encore bien plus !

Développement des capacités d’analyse
Le dessin permet à l’enfant de comprendre les symboles, les signes, les représentations ce qui l’aidera dans la compréhension de son environnement, lorsqu’il sera plus âgé.
Tout le long du processus de réalisation du dessin, particulièrement lorsqu’on lui parle de ce qu’il représente, l’enfant a l’esprit en état d’alerte, il prend le temps d’analyser des idées, les siennes et celles des autres.
Un article lié à l’éducation des enfants dans le domaine des sciences, publié en 2013 par une équipe américaine [2] apporte un nouvel éclairage. Dans certains milieux, le sens de l’observation est considéré comme l’une des qualités clé pour développer les compétences scientifiques (on le comprend aisément) mais ceci peut se faire dès le plus jeune âge. Or les activités liées au dessin joue un rôle majeur pour développer le sens de l’observation et la capacité d’analyse. Il ressort de cette étude réalisée sur 42 enfants que l’observation et la compréhension étaient bien meilleures lorsque l’enfant dessine pendant qu’il observe : réponses plus précises, moins d’hésitations et d’approximations.  Il s’avère que grâce au dessin, de nombreuses facultés sont développées : visualisation spatiale, organisation et relations entre les différentes parties d’un tout, mémorisation…

Que se passe-t-il dans le cerveau ?De plus en plus d’études viennent confirmer [3] que même si une certaine variabilité existe entre individus,  toutes les formes d’art dans lesquels l’humain s’implique, stimulent l’attention ce qui sollicite tout un système de neurones dédiés. Ce faisant, les capacités cognitives plus générales sont améliorées.
En effet, pratiquer une activité artistique (dessin, musique) construit un riche répertoire d’informations qui appartiennent à des régions éparpillées du cerveau, qui apprennent alors à se connecter. La pratique régulière renforce les connexions, ce qui impacte positivement d’autres domaines cognitifs.

Conclusion
En conclusion, le dessin éveille, dope l’esprit : il rend heureux. Puissent les élans de solidarité autour des événements de ces derniers jours être perçus aussi comme un encouragement supplémentaire à dégainer le crayon… à la moindre occasion !"

1- Joyce Ofosua Anim « The role of drawing in promoting the children’s communication in Early Childhood Education. » Mémoire de Master : International Master of Early Childhood Education and Care. 2012 - Lien ICI
2-Fow J.E., Lee J., « When Children Draw vs When Children Don’t: Exploring the Effects of Observational Drawing in Science », Creative Education, 4, pp 11-14. 2013, doi: 10.4236/ce.2013.47A1002
3- http://www.wjh.harvard.edu/~lds/pdfs/DanaSpelke.pdf


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